Bonjour,
Semaine dernière, à Auroville,
première expérience dans une école proposant une éducation qualifiée
d'intégrale. Selon "la Mère" d’Auroville, cette approche comprend
l'éducation physique, vitale, mental, psychique et spirituelle. Une
occasion de premier contact dans mon projet de découverte des étoiles humaines…-).
Udavi school est une école
dédiée aux enfants indiens. Un petit bâtiment comprenant 3 classes de 15 élèves
chacune, regroupe les sections d'enfants âgés de 8 à 11 ans. Pendant 2
jours, j'ai été accueilli dans la section des 9-10 ans.
Ma première impression est qu'il
fait bon d'aller à l'école, où pour intégrer leur salle certains élèves
traversent un petit pont de pierre au milieu d'une jolie mare de nénufars. la
beauté, le naturel et l'esthétique s'inscrivent dans le cadre d'ouverture
offert aux enfants.
Les enfants sont accueillis tous
ensemble des 8h30. L'un deux joue une petite musique sur un
"xylophone" le temps que toutes les petites têtes "brunes"
arrivent, parfois parcourant des kilomètres à pied pour rejoindre l'école. 2 à
3 enfants sont ensuite invités à partager des énigmes, lire une histoire à
l'ensemble du groupe. Ainsi, chacun d'entre eux à l'opportunité de prendre des
initiatives et de s'ouvrir aux autres. Un temps d'information de la part des
professeurs puis de silence (recentrage).
Tous les matins, jusqu'à 9h15, 20
minutes de lecture libre sont accordées. Chaque enfant sectionne le livre de
son choix pour se plonger dans les images, le récit. L’objectif de ce moment
est de stimuler le gout de la lecture, de la découverte, de l’apprentissage et
curiosité par soi même.
Ensuite, les activités ou enseignements sont dispensés
dans la journée soit par le professeur de classe, soit par un(e) intervenant(e)
extérieur(e), soit par des volontaires. J’ai assisté à des cours de
mathématique, d’anglais, d’informatique, de théâtre.
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Jeu de coopération : comment rentrer à 15 dans un cercle en s'entraidant, au fur et à mesure que les cerceaux disparaissent ?…! |
La pause de midi est servi
par les professeurs et les enfants : plat unique à base de riz et sauce très épicée à mon gout… !
Chaque journée se clôture par 1h de sport, de
15 h à 16h.
La place au domaine artistique (dessin, danse, musique, etc.) est également
prépondérante dans la semaine et s’inscrit comme support pour le développement
et la découverte par soi même de l’enfant.
Les enfants évoluent ensemble et
de manière individuelle. La vérification des exercices se fait par exemple
entre 2 élèves qui s'échangent leur cahier puis ensemble, par petit groupe, où
chacun s'entraide pour amener les corrections nécessaires.
Le mouvement est très présent
dans toute approche. Un cours d'anglais peut tout à fait se transformer en un
joli tableau de mime très dynamique réalisé par 15 élèves et le professeur :
apprendre en s'amusant… ! Les tables des enfants sont basses, sans
chaises. Ce choix est lié à la liberté de mouvement, d'expression, et
certainement à l'apprentissage d'une posture par lequel l'enfant "ne se
repose pas sur ou contre quelques chose" (peut-être une belle image de nos
vie) mais trouve par lui même le maintien dont son corps a besoin.
Au cours de cette immersion, j’ai
découvert une approche d’éducation centrée sur le processus et non le
résultat. Fort intéressant et parfois déroutant à comparaison de mes
souvenirs de classe où la note était un critère d’évaluation et d’intérêt assez
dominant…
Le plus important dans cette
forme d'accompagnement de l'enfant est "le corps profond" des choses,
leur sens, leur compréhension. "L'enveloppe physique" (ex
l'orthographe d'un mot) est simplement ce que l'on voit, en surface. Ce dernier
n’est que l’infime parti d’une richesse profonde sous-jacente. Ainsi, les enfants
sont invités à partager devant la classe le chemin qu'il ont parcouru pour
répondre à une question, expliquer leur raisonnement pour comprendre un concept
etc. pour eux même découvrir leur parcours et le comprendre : une confiance en
eux se bâti par cette expérimentation.
Leur rythme, leur accompagnement
amenant à la découverte de leur facultés sont privilégiés par rapport à
des attentes instaurées (savoir lire à tel âge, être bon en mathématiques
pour plus de facilité dans la vie, etc.). En feuilletant un cahier d’une
élève, j’ai été surprise de constater une répétition de faute sur l’écriture de
même mot, parfois sur 5 exercices de diction identiques. J’ai évoqué ce point
avec un des enseignant. « Une réponse "juste" ou
"fausse" n'est pas un critère qualifiant ou positionnant l'enfant. Une
fois la compréhension et le sens présents, la pratique amènera par exemple à
bien maitriser le « corps physique » des choses (ex : bien orthographier
un mot). Dans notre monde où l'information est sans cesse en perpétuelle évolution,
se centrer sur la connaissance de soi et sur le processus pour toute chose
(observation, lien etc.) permet de s'adapter naturellement et sans peur au
changement parce que l'on sait comment y arriver ».
Bon, OK, mais comment
les enfants évoluent-ils ? Parviennent-ils ensuite à s’intégrer dans notre
société, poursuivre des études, écrire « correctement » sans semer
des erreurs etc ? J’ai reçu un grand sourire de bienveillance face à tous
mes reflexes rationnels face à cette différence d’approche pédagogique. Les
enfants deviennent des adultes « parfaitement normaux », poursuivant
de grandes études ou non, ayant un métier etc. La grande différence est qu’ils
savent ce qu’ils veulent, ont confiance en eux, s’adaptent en étant ouverts à
la vie. La clef est donc peut-être d’être au lieu de « devenir »
en utilisant ses ressources propres contenues à l'intérieur de soi
).
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Co-vélo : bien plus éfficace que mon utilisation individuelle |
Mon esprit de
"cartésienne" (…!) a été un peu bousculé par toutes ces approches et
en même temps, assez emerveillé de par la vie et le sens dans toute chose
ressentis dans l'école. Alors quand il m'a été demandé de proposer un cours de
français du jour au lendemain, de part l'absence imprévu du maitre de classe,
je me suis dis "Oup's" puis "bon, si c'est le chemin qui comptent
et non le résultat, expérimentons…!"
J'ai vite écarté la solution
d'apprentissage d'une chanson comme il m’a été suggéré. Mes talents de
chanteuse sont un trésor intérieur que je n'ai pas encore découvert -). Et
pourquoi pas apprendre en s'amusant ? J'en ai toujours rêvé ! Ainsi,
5 équipes d'élèves sont parties à la chasse au trésors de mots français cachés
dans la cour ("vélo" sur mon vélo, "fleur" dans un bosquet
de fleur etc.), avec ce même mot en main pour reconnaitre lequel les
concernait. Regroupés ensuite ensemble en classe, chaque groupe a participé à
la création d'un dessin commun au tableau en dessinant la représentation du mot
et en apprenant tous ensemble à le prononcer, puis en le recopiant sur son
cahier (dessin également autorisé…!).
Dans une 2ème étape, avec les
5 mots découverts, chacun a réalisé un dessin pour ensuite partager son
histoire issue de son flot d’imagination à l'ensemble de la classe.
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Comment creer une jolie histoire ensemble ?-) |
A partir d'éléments
identiques, la richesse humaine se dévoile: autant d'enfants que d'histoires,
trait de crayons différents. Quel émerveillement les enfants, une
belle leçon de simplicité et spontanéité créatrice… -). Et en plus,
je me suis bien amusée… !
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Des fleurs, des arbres, des pierres, des vélos et des feuilles pour un tableau nature-) |
Une belle découverte d’une
pédagogie centrée sur le chemin d’accomplissement de l’enfant, pour l’enfant.
Claire